Pour la première fois, les professionnels du port de Nice ont décidé de boycotter le Conseil portuaire du 2 décembre 2025. Ils ont dénoncé une stratégie perçue comme fortement défavorable à la croisière.
Publicité
Ce conflit illustre une fracture profonde entre la Métropole Nice Côte d’Azur, gestionnaire du port, et les acteurs maritimes dont l’activité dépend directement des décisions locales. Le débat s’articule notamment autour de controverses sur la taxation, l’aménagement des quais et la gouvernance du port, avec des répercussions majeures sur le tourisme et l’environnement.
Une politique fiscale et d’aménagement contestée par les experts du port de Nice
Le cœur du différend repose sur l’instauration d’une taxe environnementale locale, dite « pollueurs-payeurs », que les professionnels du secteur considèrent comme un doublement injustifié des charges, s’ajoutant à la taxe nationale récemment votée. Selon l’Union Maritime 06, la mise en place de cette nouvelle taxe pourrait entraîner une augmentation des redevances de plus de 300 %, risquant de pénaliser gravement les compagnies de croisière.
Publicité
Outre la fiscalité, ce sont les projets d’aménagement en zones opérationnelles qui provoquent la colère des acteurs du port. L’implantation envisagée de terrasses de restaurants sur le quai des Deux-Emmanuels empiéterait sur les voies de circulation, menaçant la fluidité des embarquements et la sécurité au cœur des opérations portuaires. Ces aménagements risquent d’introduire des risques majeurs en matière de sûreté, déjà fragilisée par les charges lourdes liées à l’organisation du Sommet de l’Océan.
Les investissements importants, tels que les 29 millions d’euros prévus pour la connexion électrique à quai (CENAQ), sont eux aussi remis en question, jugés disproportionnés par rapport au niveau actuel d’activité. Ces dépenses soulignent un malaise croissant quant à la vision stratégique portée par la Métropole, vue par beaucoup comme un frein au développement harmonieux du secteur de la croisière.
Un dialogue rompu et des tensions qui s’enveniment autour de la gouvernance portuaire à Nice
Au-delà des mesures concrètes, le plus grand reproche des professionnels réside dans la disparition d’un dialogue constructif entre la Métropole et les acteurs du port. L’Union Maritime 06 dénonce un manque de concertation face à des décisions prises en urgence, comme la convocation impromptue d’un nouveau Conseil portuaire, jugée non conforme aux délais réglementaires du Code des transports.
Cette situation a conduit à un boycott inédit du Conseil, marque d’une rupture profonde entre les gestionnaires publics et les experts du port. La profession envisage désormais de recourir à la justice afin de contester certaines procédures et préserver un cadre juridique clair. Ces tensions mettent en lumière l’importance cruciale d’une gouvernance équilibrée pour éviter que Nice ne perde des escales au profit de ports voisins bénéficiant d’une meilleure stabilité et lisibilité, tant en matière réglementaire qu’économique.
Dans ce contexte, les acteurs du port demandent l’application intégrale de la Charte Croisière Durable nationale, qui propose un mécanisme tarifaire incitatif récompensant les compagnies qui réduisent leur impact environnemental. Ils souhaitent également que les arrêtés préfectoraux encadrant les escales soient intégrés dans une stratégie locale cohérente, garantissant une vision pérenne du développement touristique et portuaire.
Publicité
Publicité
Enjeux du tourisme et de l’environnement dans la stratégie portuaire de Nice
La tension entre développement touristique et préservation de l’environnement est au centre du débat actuel sur la destinée du port de Nice. La Métropole, soucieuse de limiter l’impact écologique du tourisme de masse, cherche à orienter sa politique vers un « tourisme choisi », notamment en imposant des restrictions aux navires de croisière les plus imposants. Si cette démarche répond à des impératifs environnementaux légitimes, les professionnels du secteur y voient un risque économique majeur.
La peur que Nice et Villefranche-sur-Mer perdent des escales importantes au profit de ports concurrents plus attractifs soulève un débat intense. L’analyse montre que les ports voisins proposent parfois une tarification plus claire et une gouvernance moins conflictuelle, des critères décisifs pour assurer la stabilité à long terme des escales de croisière.
Malgré ce dialogue fracturé, certaines voix proposent des pistes conciliantes. Ces propositions incluent l’intégration de la Charte Croisière Durable, la clarification des mécanismes fiscaux liés à l’environnement et la concertation active entre les parties prenantes. Ces solutions viseraient à harmoniser le développement touristique avec des exigences implacables en matière écologique, offrant ainsi un modèle équilibré pour le port de Nice.
Publicité